Un avenir américain pour Gaza ?

Briac CHATELET

Ce mardi 4 février 2025, Donald Trump déclarait son intention de s’emparer du territoire de la bande de Gaza à l’issue du conflit israëlo-palestinien en cours. Entre approbation et confirmation de son projet par la communauté internationale, retour sur la déclaration choc de la nouvelle présidence américaine.

Confirmée ce jeudi lors d’une conférence organisée conjointement à son homologue israëlien Benyamin Netanyahu, Donald Trump a confirmé ses intentions et exposé son plan. Sur le long terme, le président américain entend transférer la souveraineté palestinienne sur la Bande de Gaza aux Etats-Unis. Dans cette optique, le nouveau territoire serait reconstruit et transformé en la “Riviera du Moyen-Orient” impliquant le déplacement de la population palestinienne en Égypte et en Jordanie, composé de plus de 2 millions de personnes selon les chiffres de l’ONU. Décrit comme un moyen d’apporter la stabilité à la région tout en offrant au peuple palestinien la chance d’être “heureux, en sécurité et libre”, ce plan ne s’accompagne toutefois de rien de concret. L’administration Trump n’a pas communiqué sur ses plans d’actions. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Hommes a fermement rappelé que “tout transfert forcé ou expulsion de personnes depuis un territoire occupé sont strictement prohibés” et donc contraire au droit international.

En réaction à ses propos, la communauté internationale s’est rapidement opposée aux déclarations de Donald Trump, à l’exception du premier ministre israëlien. Si ce dernier a ouvertement soutenu Washington en caractérisant ce projet comme “quelque chose qui pourrait changer l’Histoire”, les voix occidentales et européennes s’y sont fermement opposées. En France, le ministre des Affaires Étrangères Jean-Noël Barrot a maintenu que “l’Avenir de Gaza doit s’inscrire dans le cadre d’un futur État Palestinien”. Outre-Manche, Keir Starner s’est positionné en faveur du peuple palestinien et de son droit à rentre chez lui tandis que la ministre des affaires étrangères allemande Annalena Baerbock s’est opposé au projet américain : “ La population de Gaza ne doit pas être expulsée et Gaza ne doit pas être occupée de manière durable.” Au Moyen-Orient, la Ligue Arabe et principalement l’Arabie Saoudite, l’Égypte, le Qatar, les Émirats Arabes Unis, l’Autorité Palestinienne ainsi que la Jordanie ont déclaré qu’une telle initiative “pourrait menacer la stabilité de la région, risquer d’étendre le conflit et compromettre les perspectives de paix et de coexistence entre les peuples”. Enfin, Pékin s’est également positionné en accord avec sa ligne politique favorable à l’autorité palestinienne, critiquant la déclaration américaine jugée contraire à la nécessaire gouvernance palestinienne de son territoire. Cependant, pour tempérer les propos du 47ème président américain et réagir à l’opposition de la communauté internationale, le secrétaire d’état américain Marco Rubio a précisé que cette déclaration ne s'inscrit pas dans une politique d’hostilité à l’égard des palestiniens ou des accords de cessez le feu signés entre le Hamas et Israël, tout en ajoutant qu’aucunes troupes américaines ne seraient déployés sur le territoire.

 

Toutefois, d’autres questions se soulèvent vis-à-vis de la gestion de ces territoires. Si un déplacement forcé de population est contraire au droit international, il est également important de noter que la campagne électorale de Trump s’est principalement construite sur une politique protectionniste, pro-américaine et non sur ses engagements internationaux dans des conflits étrangers. Une telle entreprise pourrait alors aller à l’encontre de l’opinion publique et mourir dans l'oeuf, bien que cela ravive tout de même les velléités de l’extrême droite israélienne en faveur de la colonisation des territoires palestiniens. En revanche, un rapport de l’ONU réalisé pour le CNUCED en 2019 estimait à plus de 3 milliards de barils de pétrole les réserves présentes au larges des côtes gazaouies. L’intérêt de Trump pourrait alors se justifier par une impressionnante richesse, au coeur de sa compétition pétrolière avec les pays du golfe

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