Le nouvel alignement Washington/Moscou ?
Briac CHATELET
Ce 24 février 2025, presque 3 ans après le début du conflit ouvert entre la Russie et l’Ukraine, les États-Unis ont fait volte-face et refusé de dénoncer les agissements russes en Ukraine. Depuis février 2022, et ce malgré la crise économique et la dimension importante du soutien occidental envers l’Ukraine, l’Europe et les États-Unis ont toujours maintenu leur engagement envers Kiev.. Pourtant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche semble marquer le pas sur la détermination américaine, voire même, un nouvel alignement de Washington sur la position de Moscou. Entre critique de la politique mise en place sous Joe Biden et volonté politico-économique de se rapprocher de Vladimir Poutine, retour sur le basculement américain.
Tout au long de la présidence de Joe Biden, Donald Trump a maintenu son assurance et sa volonté de mettre fin au conflit en Ukraine en quelques jours seulement. Pour lui, et cela s’affirme depuis sa réélection, le soutien américain envers l’Ukraine est un gaspillage. Dans ce conflit lointain, qui est géographiquement séparé par l’Europe et un “magnifique océan” pour citer le nouvel occupant de la Maison Blanche, les États-Unis ont consacré énormément de matériel et d’argent sans tirer un seul bénéfice ou une seule garantie. Pointant du doigt les supposés intérêts économiques que les Européens tiraient de leurs “prêts” à l’Ukraine, information démentie par le Président Emmanuel Macron à Washington, les États-Unis ont décidé d’initier leur projet de paix en Ukraine. Pour cela, une rencontre a eu lieu en Arabie Saoudite entre des délégués américains et russes, en l'absence de représentants ukrainiens et européens, pour discuter des modalités de la fin du conflit. Tout semble penser que la paix en Europe risque d’être imposée aux ukrainiens et déboucher sur une entente entre Washington et Moscou. Cette nouvelle alliance puise ses sources dans de multiples facteurs.
Si d’un côté la politique de Trump vise à limiter les dépenses jugées inutiles, comme celle de l’administration publique avec l’exemple du gel des fonds de l’USAID, il existe aussi une remise en question de l’échiquier politique mondial aux États-Unis. La Chine est aujourd’hui un rival pour les États-Unis, un rival allié avec les principales puissances émergentes au sein des BRICS et vue comme une menace pour les américains. Du côté occidental, les alliances existantes sont jugées insuffisantes à l’image de l’OTAN et de la critique américaine envers le manque de constitution de la quasi-totalité des membres à leurs budgets de défense. Les positions hostiles répétées envers le Canada ou le Groenland, sans oublier le canal de Panama, témoignent d’une politique américaine agressive qui semble se détacher de son rôle de “leader du monde libre”. C’est donc d’abord dans une optique politique que les États-Unis semblent pivoter vers la Russie, une nation qu’ils préféraient avoir comme allié que comme soutien de la Chine. Le refus de Trump d’appeler Poutine un “dictateur” tandis qu’il accorde cette désignation à zelensky, les négociations bilatérales pour la paix, le soutien aux Nations Unies ou encore la montée au pouvoir d’idées ultra-conservatrices, tout porte à croire qu’il ne s’agit pas d’une simple négociation de paix mais d’un nouvel alignement. Par ailleurs, la Russie semble elle aussi enjouée par cette nouvelle relation, avec l’annonce de Vladimir Poutine de son souhait d’une coopération entre les deux géants pour l’exploitation des minéraux stratégiques russes.
Si l’on attend encore le résultat de ces négociations, il est évident que ce rapprochement n’est pas factice. Le conflit ukrainien pourrait prochainement toucher à sa fin, avec une conclusion mettant de côté l’Europe si elle ne réagit pas à temps
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