Briac CHATELET
Ce mardi 25 mars, la Commission Européenne a publié 47 projets d’extraction minière au sein de treize de ses États membres, tous réunis sous l'appellation de Critical Raw Materials Act (CRMA). La particularité de ces projets ? Aucun ne concerne l’exploitation de gisements de charbon ou de pétrole mais plutôt celle de minéraux précieux comme les terres rares, les minéraux nécessaires au développement des batteries (Lithium, cobalt, nickel, manganèse et graphite) ou encore des matériaux du groupe du platine. Derrière cette relance surprenante, l’Europe entend bien réduire sa dépendance aux matières premières venant d’Afrique et d’Asie. Retour sur une initiative prometteuse dans la course aux nouvelles technologies.
Avec pour objectif l’horizon 2030, le CRMA aura la tâche de permettre à l’Union Européenne et aux projets concernés “ d’extraire au minimum 10 % de matières premières stratégiques, transformer au minimum 40 % et recycler au minimum 25 % pour l’ensemble des matières premières” d’après Stéphane Séjourné, Commissaire européen chargé du marché intérieur et des services. Derrière cette nécessité, l’enjeu est massif. L’urgence liée au retour de Donald Trump à la présidence américaine et sa position protectionniste sème le doute sur la position européenne, servant de motivation à une plus grande indépendance : “Il y a une dimension d’urgence qu’il n’y avait pas il y a trois ou quatre mois”. Les crises rencontrées en 2021, que ce soit la rupture des chaînes d’approvisionnements ou bien la guerre en Ukraine, ont profondément marqué la conscience européenne. L’ancien ministre des affaires étrangères l’explique précisément : “ Le lithium chinois ne peut pas devenir le gaz russe de demain.” Dans un contexte de relance de l’industrie de défense européenne couplée à une économie mondiale reposant sur les nouvelles technologies, toutes deux dépendantes des minéraux précieux, le CRMA doit permettre à l’Union Européenne de ne plus dépendre d’un pays tiers unique à plus de 65% pour chacune des 17 matières premières stratégiques visées.
Géographiquement, les projets s’étendent du portugal à la Pologne en ligne droite tout en incluant quelques États membres excentrés sont la Grèce, la Suède, la Finlande, l’Estonie et la Roumanie. En France, huit sites ont été sélectionnés pour l’exploitation dont deux concernant la plus vitale des ressources, le lithium. La première est située dans l’Allier en région Auvergne-Rhônes-Alpes sous la direction de l’entreprise Imerys tandis que la seconde est en Alsace sous la direction du groupe Eramet. Une seule de ses exploitations permettrait de fournir de quoi produire 700.000 batteries de voitures chaque année. Afin que le Vieux Continent devienne quasiment indépendant d’ici 5 ans et que l’Union stoppe sa dépendance sur les marchés extérieurs, le CRMA comprend une enveloppe de 2 milliards d’euros à destination des sites d’extraction afin de dynamiser l’initiative. Plus qu’une simple relance, il s’agit aussi d’une décision d’urgence. Ces minéraux sont nécessaires tant pour les énergies vertes, que l’industrie de défense ou encore les secteurs industriels reposant sur des alliages comprenant de l’acier et ces minéraux utilisés pour le renforcer. Pour faciliter cette mise en place, les projets sélectionnés ont vu leur durée d’obtention de permis raccourcis, dorénavant d’un maximum de 27 mois pour les extractions et 12 à 15 mois pour le traitement/recyclage, contre 4 à 5 ans pour les premiers auparavant.
Si la priorité reste pour l’Union Européenne d’exploiter ses propres ressources, il est aussi important de prendre en compte la contestation écologique qui ne va faire qu’augmenter dans les prochaines semaines.
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